Audition de SOLIDA devant la Commission des Affaires Etrangères du Parlement Européen

" Les familles des Libanais détenus en Syrie ont essayé tous les recours possibles au Liban et en Syrie, aujourd'hui elles n'ont d'autre espoir que vous "

Wadih ASMAR, Porte-Parole de SOLIDA (Soutien aux Libanais Détenus Arbitrairement) a été reçu lundi à Bruxelles par la Commission des Affaires Etrangères du Parlement Européen, qui examine actuellement la prochaine ratification de l'accord d'association Union Européenne/Liban par les parlementaires européens.

L'audition publique était présidée par la Baronne NICHOLSON Of WINTERBOURNE, Vice-présidente de la Commission des Affaires Etrangères. Y ont assisté le Président de la Commission, Monsieur Elmar BROK et le rapporteur sur l'accord d'association UE/LIBAN le député Gerardo GALEOTE QUECEDO, ainsi que les principaux responsables des différents groupes politiques du Parlement Européen et une dizaine d'autres députés.

Plusieurs représentants d'organisations de défense des droits de l'Homme locales et internationales étaient invités à dresser à la Commission des Affaires Etrangères un tableau complet de la situation des droits de l'Homme au Liban. Charles CHARTOUNI, de la Fondation des droits de l'Homme et du droit humanitaire (FDHDH - Liban) a évoqué la situation générale des droits de l'Homme au Liban à la lumière des dernières violations et en particulier de la fermeture de la chaîne de télévision MTV, alors que Driss EL YAZAMI, représentant la Fédération Internationale des ligues des Droits de l'Homme (FIDH) insistait particulièrement sur la situation des réfugiés, palestiniens et non-palestiniens au Liban et sur la nécessité de la mise en place de mécanismes de surveillance et de suivi de l'application de la clause Droits de l'Homme (Article 2 de la déclaration de Barcelone).

Wadih ASMAR a quant à lui souligné qu'aucune recherche n'avait été engagée par les autorités libanaises en vue de déterminer le sort des 17000 disparus de la guerre du Liban. " Leurs familles se trouvent dans une grande détresse humaine, car quoi de pire que de ne pas pouvoir faire le deuil de son enfant ? ", a-t-il demandé. Il a insisté sur la nécessité de " la mise en place d'une commission Vérité et Réconciliation à l'image de ce qui a été fait en Afrique du Sud et dans d'autres pays " pour que de vraies réponses soient apportées aux familles des disparus.

S'agissant des 12 détenus libanais en Israël, Monsieur ASMAR a indiqué que "Israël et le Hezbollah se doivent de respecter les lois internationales qui interdisent la prise d'otage même en cas de conflit armé et de libérer les otages des deux cotés. "

Le représentant de SOLIDA a insisté sur le fait que " la Syrie continue de détenir en violation de toutes les lois internationales et humanitaires au moins 200 Libanais au secret ".

" Aujourd'hui les familles des Libanais détenus en Syrie mettent tous leurs espoirs dans la communauté internationale et en particulier l'Europe. Elles ont essayé tous les recours possibles au Liban et en Syrie, aujourd'hui elles n'ont d'autre espoir que vous (…) " a-t-il insisté. "

Il ne s'agit pas là de résoudre un problème libano-syrien mais de jouer pleinement votre rôle de députés européens, car comment envisager la ratification d'un partenariat où avant même le début de ce partenariat l'un des partenaires en récuse le contenu ? ( c'est-à-dire l'article 2 de la déclaration de Barcelone, dit " clause droits de l'Homme "). Il est primordial pour la crédibilité de l'Union Européenne au Liban que cette ratification ne soit pas jouée d'avance idée que se plait à véhiculer le gouvernement libanais. Mesdames, Messieurs les députés, vous avez le droit et le pouvoir de dire " non " à cette ratification automatique, d'exiger que des avancées significatives dans le domaine des droits humains soient réalisées, ou pour le moins enclenchées à priori, et non promises pour un futur toujours plus lointain " a-t-il conclu avant de donner lecture à l'assemblée d'un message adressé par Mme SONIA EID, Présidente du comité des familles de détenus libanais en Syrie.

Cette audition a été suivie d'une série de rencontres avec des parlementaires européens, notamment Mme Margie SUDRE, et MM. Bob VAN DEN BOS, Hugues MARTIN, Per GAHRTON, le Général Philippe MORILLON, et avec différents fonctionnaires au Parlement Européen en charge des droits de l'Homme et de la coordination des groupes politiques.

Ces différentes initiatives étaient organisées par les représentants auprès de l'Union Européenne du REMDH (Réseau Euro Méditerranéen des Droits de l'Homme) et de la FIDH (Fédération Internationale des ligues des Droits de l'Homme).

Paris, le 7 Novembre 2002