LA DETENTION ARBITRAIRE DE CITOYENS LIBANAIS
 AU LIBAN, EN SYRIE ET EN ISRAEL 

ILa détention arbitraire au Liban :
Au Liban, toute forme d’opposition au régime actuel est susceptible d’être réprimée par un recours à des méthodes arbitraires (arrestations, disparitions, tortures, détentions prolongées sans jugement).
Depuis 1990, fin du conflit libanais, divers mouvements d’oppositions ont ainsi fait l’objet de ces pratiques : le Parti Kataëb, le Mouvement Patriotique Libre (aouniste), le Parti des Forces Libanaises, le Parti National Libéral… 

Quelques exemples récents : 
Au mois d’août 2000, plusieurs partisans du Général Aoun étaient arrêtés et détenus plusieurs jours au secret pour avoir distribué des tracts exprimant des idées opposées au régime actuel du Liban. En Septembre 2000, une très importante manifestation pacifique du Parti des Forces Libanaises était réprimée par des arrestations arbitraires, motivées par « le port d’insignes favorables aux Forces Libanaises » (photos de Samir Geagea, leader emprisonné du Parti, Tee-shirts représentant l’emblème du Parti). 

II.La détention arbitraire en Israël : 
 Les forces israéliennes, qui occupèrent militairement le Sud du Liban jusqu’en mai 2000, ont eu constamment recours aux enlèvements en territoire libanais, soit elles-mêmes, soit par l’intermédiaire de milices libanaises alliées. Plusieurs centres de détention et d’interrogatoire avaient même été installés en territoire libanais, où se pratiquait la torture. Le nombre de personnes détenues arbitrairement dans les prisons israéliennes a fluctué au cours des années (1982 – 2000). Des libérations sporadiques ayant lieu (échanges de prisonniers entre le Hezbollah et Israël), qui alternaient avec des vagues d’arrestations au Liban Sud (destinées à mater les actions de résistance menées par le Hezbollah contre l’armée occupante israélienne). A la veille du retrait israélien du Sud du Liban, 150 libanais étaient toujours détenus au Camp de Khiam (prison sous contrôle israélien au Sud du Liban) et une vingtaine dans les prisons en Israël. Le retrait israélien a permis la fermeture du Camp de Khiam. 19 citoyens libanais restent à ce jour détenus en Israël. Il s’agit notamment de responsables de milices ayant résisté à l’occupation israélienne. Israël les garderait en otages pour obtenir des informations sur le sort de militaires israéliens disparus au Liban, notamment celui de Ron Arad, disparu au Liban en 1982. 

Faits récents : 
Des membres du Hezbollah ont enlevé quatre militaires israéliens début octobre 2000, qu’ils souhaitent échanger contre leurs concitoyens détenus en Israël.

III.La détention arbitraire en Syrie :
Depuis 1976, des centaines de citoyens libanais ont été enlevés au Liban par l’armée syrienne ou des milices libanaises alliées à la Syrie et transférés vers les prisons syriennes, ou un grand nombre se trouve toujours détenu aujourd’hui, pour la plupart au secret et dans de très mauvaises conditions, en dépit des accords internationaux ratifiés par le Liban et par la Syrie. Cette question est depuis la fin de la guerre un sujet tabou et quiconque l’évoque peut craindre des représailles de la part des autorités syriennes ou libanaises. C’est aussi pour cette raison que depuis la fin de la guerre les transferts de prisonniers libanais vers la Syrie se poursuivent impunément parfois avec la collaboration directe des forces armées libanaises. Malgré cela, quelques familles de détenus libanais en Syrie osèrent se réunir, et créer en octobre 1997 le « Comité des familles de détenus libanais en Syrie », pour dénoncer aux niveaux régional et international leur situation inadmissible. En mars 1998, 121 libanais furent relâchés des prisons syriennes et remis à la Justice libanaise. Ce geste ne fut suivi d’aucun autre significatif. Malgré les efforts internationaux pour résoudre cette question et le changement de chef de l’Etat en Syrie, les autorités libanaises comme syriennes ont toujours des pratiques répressives pour empêcher quiconque d’évoquer cette question.

Alors que l’Etat libanais avait ordonné en janvier 2000 une commission d’enquête sur les 17000 cas de disparitions au Liban, un peu plus de 2000 cas furent recensés et quelques150 familles signalèrent à cette commission l’arrestation de leur proche par les forces syriennes. Les conclusions de cette commission d’enquête rendues publiques en Juillet 2000 furent que des contacts avaient été entrepris auprès « d’ officiels libanais proches de la Syrie » ( !) qui affirment qu’aucun libanais ne se trouve détenu en Syrie. La commission a proposé aux familles des disparus de déclarer décédée toute personne disparue depuis plus de 4 ans– y compris si suffisamment d’éléments, voir un droit de visite, permettent de prouver la détention dudit « disparu » en Syrie.

Faits récents :
En Août 2000, le Cheikh Hachem MINKARA, du Parti de l’Unification Islamique de Tripoli, a été relâché des prisons syriennes où il se trouvait détenu depuis 1985.
En Septembre 2000, plusieurs dizaines de familles de libanais enlevés il y a dix ans par l’armée syrienne ont été convoquées par la Police Militaire libanaise, afin de déclarer décédées toutes ces personnes, alors que le plupart des familles reçoivent régulièrement des nouvelles de leurs proches détenus par des libanais relâchés des prisons syriennes. Les familles convoquées ont refusé de déclarer le décès de leur proches détenus et se sont réunies pour manifester leur mécontentement.

Après avoir remis 121 détenus libanais à la justice de leur pays, en mars 1998, les autorités syriennes reconnaissaient en maintenir 25 en détention, « accusés pour la plupart de collaboration avec Israël », sans toutefois préciser leurs identités et lieux de détention. Plus récemment, au début du mois d’octobre 2000, les autorités syriennes reconnaissaient en détenir « une cinquantaine », affirmant que tous avaient commis des « crimes en territoire syrien ». 

Le 16 Novembre 2000, le Président syrien Bachar EL-ASSAD a déclaré son intention de gracier 600 prisonniers politiques, parmi lesquels « quelques » libanais. A ce jour, aucun libanais n’a été relâché des prisons syriennes, et on ignore tout du nombre, de la localisation actuelle et de l’identité des libanais qui pourraient bénéficier de cette amnistie en Syrie.
Le Président du Parlement libanais s’est quant à lui engagé à fournir une liste nominative des Libanais détenus en Syrie avant la fin de l’année 2000 et ce sujet est désormais suivi de près par les médias libanais