COMMUNIQUE DE PRESSE
Déclarations du Président syrien devant l’Assemblée Nationale française : commentaires.
Le mouvement franco-libanais SOLIDA (Soutien aux Libanais Détenus Arbitrairement) souhaite revenir sur les déclarations du Président Bachar EL-ASSAD, le 26 Juin, à la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale Française, devant laquelle il a déclaré qu’aucun Libanais n’était plus détenu en Syrie.
En Mars 1998, alors que les autorités libanaises et syriennes niaient farouchement le fait que des citoyens libanais étaient détenus dans les prisons syriennes, ce sont 121 détenus qui sont « réapparus », libérés des prisons syriennes. Les autorités syriennes déclarèrent alors maintenir en détention (illégalement) quelques 25 Libanais, sans préciser ni leurs identités, ni leur lieu de détention.
En Décembre 2000, ce sont non pas 25, mais 48 Libanais qui furent relâchés des prisons syriennes. Certains étaient d’ailleurs considérés comme décédés par les autorités libanaises.
Bref, les propos du Président syrien ne sont ni plus ni moins que la continuité d’un discours officiel maintes fois répété et pourtant souvent démenti par la réalité.
On sait aujourd’hui qu’au moins 200 Libanais sont toujours détenus arbitrairement dans les prisons syriennes.
Joseph HOUEISS a été enlevé au Liban en 1992 par les forces syriennes suite à un accident de voiture (au Liban) avec un véhicule militaire syrien. Il a été illégalement transféré en Syrie, c’est-à-dire sans demande d’extradition. Au lieu d’être jugé par le tribunal libanais compétent, il a été condamné à 20 ans de réclusion en Syrie. Sa détention a récemment été reconnue publiquement par les autorités syriennes.
Autre exemple : celui de Georges Ayoub CHALAWEET, enlevé au Liban en 1994, qui a reçu au cours de sa détention en Syrie plusieurs visites de sa famille avant que le droit de visite ne lui soit finalement supprimé il y a 3 ans.
Que dire également du maintien au secret des militaires libanais enlevés au Liban le 13 Octobre 1990, et dont la détention en Syrie a maintes fois été confirmée par des officiels libanais et syriens, par les témoignages d’anciens détenus, mais aussi par certaines familles qui ont rendu visite à leurs proches dans les prisons syriennes?
Les exemples ne manquent pas… il y en a bien d’autres.
Nous avons toutes les raisons de penser que le Président syrien ignore jusqu’à l’existence de ces dossiers.
Monsieur Bachar EL-ASSAD s’est déclaré disposé à recevoir d’éventuelles plaintes des autorités libanaises, concernant des Libanais détenus en Syrie.
SOLIDA demande au Président syrien d’entendre les demandes, non seulement des autorités libanaises, - si toutefois elles se décidaient à assumer leurs responsabilités - , mais également celles des organisations de défense des droits de l’Homme en examinant objectivement chacun des dossiers, et en y répondant clairement.
A ce titre les responsables de SOLIDA ont demandé à plusieurs reprises d’être reçus par les autorités syriennes, représentées en France par l’Ambassadeur de la République Arabe Syrienne, afin d’avoir la possibilité d’échanger sur ces dossiers, mais les demandes n’ont reçu aucune réponse.
Paris, le 3 Juillet 2001.

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[i] Extrait du compte-rendu de l’audition du Président Bachar EL-ASSAD par la Commission des Affaires Etrangères :

« Soulignant que depuis plusieurs années des associations humanitaires et de défense des droits de l'Homme faisaient état d'arrestations arbitraires et d'actes de torture à l'encontre de Libanais en Syrie, M. François Rochebloine a souhaité savoir si le Président Bachar El Assad pouvait assurer aux parlementaires français que ces prisonniers libanais détenus en Syrie seraient rapidement libérés ou remis aux autorités libanaises.
Le Président Bachar El Assad a précisé que tous les prisonniers libanais détenus dans les prisons syriennes ont été libérés. Bien que ces prisonniers aient été les auteurs de tueries contre les soldats syriens au Liban, des accords d'extradition ont été passés entre la Syrie et le Liban et les prisonniers ont été extradés. Le Gouvernement est prêt à étudier les plaintes éventuelles que lui présenteraient les autorités libanaises »
[ii] NB :
Il faut préciser que les organisations de défense des droits de l’Homme qui réclament la libération de ces détenus ne cherchent pas à faire assumer à la Syrie la responsabilité de toutes les disparitions de citoyens libanais survenues pendant la guerre (1975 – 1990). Cependant, dans beaucoup de cas de disparitions, survenus pendant la guerre ou longtemps après la fin de celle-ci, la détention en Syrie des victimes a été établie de manière certaine, parfois même officielle, et ces cas-là ne permettent pas le moindre doute sur le fait que de nombreux citoyens libanais sont toujours détenus dans les prisons syriennes.
Il est possible qu’un certain nombre de détenus soient décédés au cours de leur détention en Syrie, auquel cas les corps doivent être rendus à leurs familles.